dimanche 24 juin 2012

Propos d'un confiseur

Voici quelques temps, on m'a offert "Les propos de O.L. Barenton confiseur" d'Auguste Detœuf (malheureusement pas une édition originale! mais qui date tout de même de plus quarante ans). Je vous laisse découvrir son auteur, un X atypique.




La lecture de ce livre est assez édifiante par ce qu'elle traduit de la manière de concevoir le monde de l'entreprise et des affaires (et le monde tout court) il y a plusieurs décennies (années 30). Conception qui trouve encore une belle réalité aujourd'hui. 
Parmi les centaines d'aphorismes (et autre petits essais [plutôt longuets]), j'en ai retenu un petit nombre que voici. Souvent ironiques, toujours perspicaces.
Je vous laisse vous en amuser, voire réfléchir à leur pertinence actuelle.


« (tout se paie). Il y a deux monnaies : l'argent et la satisfaction de vanité. Si vous avez le choix, et si vous êtes débiteur, payez en vanité, car c'est une monnaie que vous émettez vous-même et dont l'émission n'a pas de plafond. Si vous êtes créancier, choisissez l'argent : vous aurez le reste de surcroît. » (p34)


« Un journal ne peut écrire : " N'achetez pas les produits de la Maison Carrée, ils ne valent rien ", ce serait de la diffamation.
Mais certains journaux écrivent : " N'achetez pas les actions de la Maison Carrée, elles ne valent rien ", parce que çà, c'est de l'information financière. » (p35)


« Un aventurier est toujours de bas étage. S'il était de haut étage, ce serait un homme d'affaires. » (p35)


« En affaires, mentir n'est jamais nécessaire, est rarement utile, est toujours dangereux. » (p73)


« Un homme est vieux à partir de l'heure où il cesse d'avoir de l'audace. » (p75)



« Les hommes se répartissent naturellement en trois classes : les vaniteux, les orgueilleux et autres.
Je n'ai jamais rencontré les autres. » (p76)



« Tout est bon à la vanité : elle accepte la moindre aumône. Rien ne suffit à l'orgueil. » (p80)


« On croit d'abord qu'on travaille pour soi ; on se figure ensuite qu'on travaille pour sa femme - on est persuadé plus tard qu'on travaille pour ses enfants ; on s'aperçoit en fin de compte que, pendant tout le temps, on a travaillé pour travailler. » (p85)


« En affaire comme ailleurs, entre deux solutions qui paraissent indifférentes, c'est le sentiment qui décide. Le déjeuner d'affaires est utile, à cause de la relation qui unit les sentiments et l'estomac. » (p112)


« Ne vous plaignez jamais du client à caractère difficile, car il est la cause de vos progrès. Traitez les autres mieux encore : ils sont la raison de vos bénéfices. » (p112)


« Eviter ceux qui parlent de leur honnêteté : ils vous roulent. Traitez avec qui se vante d'avoir roulé autrui : c'est qu'il n'en a pas l'habitude. » (p114)


« Méfiez-vous de l'homme qui parle pour ne rien dire. Ou il est stupide et vous perdez votre temps, ou il est très fort et vous perdez votre argent » (p115)


« La concurrence est un alcaloïde : à dose modérée, c'est un excitant ; à dose massive, un poison. » (p119)

« Pour triompher, il faut être en avance d'une heure sur le concurrent et parler une heure après lui » (p119)

« La chose la plus répandue parmi les techniciens, c'est la conscience professionnelle. On en a trop profité pour les mal payer » (p123)


« Il y a trois manières de se ruiner, disait le grand Rotschild : le jeu, les femmes - et les ingénieurs. Les deux premières sont plus agréables - mais la dernière est plus sûre. » (p124)

« Il faut toujours se servir des experts, et prendre leur avis. Mais quand on l'a, on peut le garder pour soi. » (p125)

« Lorsque plusieurs questions urgentes se présentent à la fois, choisissez la plus embêtante : c'est certainement la plus pressée » (p161)


« Ayez de la bonne humeur. L'idée, c'est la semence : le travail la fait lever ; mais la bonne humeur, c'est le soleil qui la fait mûrir. » (p162)


« On peut se servir de la théorie pour choisir l'acte qu'on va accomplir : c'est de la sottise. On peut aussi s'en servir pour justifier l'acte qu'on a accompli : c'est de l'habileté. » (p162)


« Un dirigeant de société, causant avec des personnes étrangères à la société, ne doit pas dire : " Je ", mais " Nous ". Car une des forces de la société vis-à-vis des tiers est d'être un groupe.
Un dirigeant de société causant avec ses subordonnés ne doit pas dire : " Nous " mais " Je ". Car une des forces de la société vis-à-vis d'elle-même est d'avoir un chef. » (p163)


« Parlez peu, après les autres, et que ce soit pour dire quelque chose. » (p164)


« Une Société ne marche pas avec des règlements établis une fois pour toutes : c'est une création incessante. Si le monde marche mal, c'est que Dieu, après qu'il eut créé le monde et fixé ses lois, a cru qu'il pouvait se reposer. » (p171)

1 commentaire:

Herve a dit…

Veinard, tu me le prêteras pour les vacances?